En collaboration avec l'Institut belge de Médecine Tropicale situé à Anvers (IMT), son équipe étudie les infections bactériennes et la résistance aux antibiotiques. Elle met en place et forme d’autres laboratoires de diagnostic au Bénin pour détecter ces infections bactériennes et la résistance aux antibiotiques. Ces tests permettent aux médecins de prescrire des antibiotiques plus efficacement, contribuant ainsi à lutter contre les infections et la résistance aux antimicrobiens à plus grande échelle. Cette coopération scientifique entre la Belgique et le Bénin est soutenue par la Coopération belge au développement.
La recherche du Professeur Affolabi au Bénin
Selon une étude internationale récente, plus d'un million de personnes meurent chaque année à cause de la résistance aux antibiotiques, principalement en Afrique subsaharienne. C’est pourquoi la recherche scientifique et le partage international des connaissances sont essentiels, comme la collaboration entre l'Institut de Médecine Tropicale belge avec le Laboratoire de Référence des Mycobactéries (LRM) au Bénin, dans le cadre d'un partenariat financé par la Coopération belge au développement.
Le Docteur Dissou Affolabi, professeur de microbiologie à l’Université d’Abomey-Calavi, dirige ce laboratoire à Cotonou, au Bénin. Son équipe étudie les infections bactériennes et la résistance aux antibiotiques. De plus, elle met en place et forme des laboratoires de diagnostic dans les hôpitaux béninois afin de diagnostiquer les infections bactériennes chez les patients et de déterminer leur sensibilité et leur résistance aux antibiotiques. Grâce à ces antibiogrammes, les médecins peuvent déterminer quel type d'antibiotique sera le plus efficace contre les bactéries présentes. Ils peuvent ainsi détecter plus largement les infections et les résistances, ce qui peut sauver d'innombrables vies.
La résistance aux antibiotiques, un risque sanitaire mondial
Les antibiotiques existent depuis une centaine d’années et ont permis de sauver des millions de vies, en ciblant les bactéries nocives pour les tuer. Cependant, la résistance aux antibiotiques - également connue sous le nom de résistance aux antimicrobiens (RAM) - constitue un risque pour la santé publique mondiale. Avec l'utilisation généralisée des antibiotiques, les bactéries sont de plus en plus exposées aux antibiotiques et développent progressivement une résistance.
En effet, les bactéries sont des êtres vivants qui luttent pour rester en vie. Pour cela, elles se transforment en modifiant leur composition physiologique et chimique. C’est ainsi qu’elles tentent de rendre les antibiotiques inefficaces, un processus connu sous le nom de résistance antimicrobienne. Les personnes développent alors une immunité aux antibiotiques, ce qui les rend plus vulnérables aux maladies infectieuses. Il s’agit d’une problématique grave, car pratiquement aucun nouvel antibiotique n’est développé et testé.
Cette résistance aux antimicrobiens ne se limite pas au Bénin ou au continent africain, mais constitue également un problème pour la Belgique et le reste du monde. C'est pourquoi les partenariats internationaux entre institutions médicales, comme celui qui existe entre la Belgique et le Bénin, sont essentiels. De cette manière, les pays peuvent partager leurs connaissances et trouver des solutions globales à ce problème.
Pour lutter contre cette résistance, les professionnels de soins de santé utilisent la microscopie et la culture pour identifier le micro-organisme spécifique à l’origine de l’infection. L’antibiogramme permet ensuite de déterminer quel antibiotique sera le plus efficace pour combattre les bactéries présentes et donc pour traiter l’infection.
Malheureusement, l’équipement et les infrastructures nécessaires pour effectuer ce travail de laboratoire sont souvent inexistants, car trop coûteux. De plus, très peu de professionnels de la santé sont formés pour effectuer ce travail. Cela limite donc l’accès à des traitements efficaces dans les endroits où les ressources sont limitées et les besoins sont élevés. C’est notamment le cas dans des pays à revenu faible ou intermédiaire (PRFI) où les laboratoires de bactériologie clinique sont peu nombreux. Le travail du Professeur Affolabi pour rendre les tests moins chers au Bénin est donc important : ses recherches et les laboratoires rendent les soins de santé plus accessibles dans la région.
Un centre d’expertise régional au Bénin
Le Professeur Affolabi est directeur du Laboratoire de Référence des Mycobactéries dans la ville béninoise de Cotonou. Ce laboratoire fait partie du programme national de lutte contre la tuberculose, dont le département de Cotonou est le centre de recherche central. Depuis 2017, le centre est officiellement reconnu comme "Laboratoire de Référence Supranational" (SRL) par l'Organisation mondiale de la Santé : le seul en Afrique centrale et de l'Ouest.
Cette reconnaissance internationale signifie que l'institut béninois sert de centre d'excellence régional pour la recherche sur la tuberculose et la résistance aux antimicrobiens. L'équipe du Prof. Affolabi ne se contente pas de mener des recherches de pointe, elle assure également la formation du personnel de santé local. Elle participe aussi au partage des connaissances au niveau international, notamment avec la Belgique.
La coopération avec l’IMT et la Belgique
Le Laboratoire de Référence des Mycobactéries du Professeur Affolabi collabore avec l'Institut belge de Médecine Tropicale (IMT) depuis 1998. La Coopération belge au développement soutient ce partenariat dans le cadre de son accord de coopération avec le Bénin. Ensemble, ils visent à mettre en place un réseau national de laboratoires au Bénin pour détecter et surveiller la résistance aux antimicrobiens, en plus des recherches sur la tuberculose. Parallèlement, une centaine d'agents de santé ont déjà été formés sur l'origine, l'importance et les risques de la RAM.
L'objectif du projet est double. D'une part, les hôpitaux de ce réseau de laboratoires contribuent au système mondial de surveillance de la résistance et de l'utilisation des antimicrobiens de l'Organisation mondiale de la santé. D'autre part, ils construisent des centres de formation sur la résistance aux antimicrobiens afin de sensibiliser le personnel de santé du Bénin et d'autres pays d'Afrique de l'Ouest, tels que le Burkina Faso et la Guinée. Cela aide également les patients des zones rurales et isolées.
Ce partenariat permet aussi le renforcement institutionnel du LRM du Pr. Affolabi. L’accent est mis sur le diagnostic et la recherche sur la tuberculose, la détection et la propagation de la résistance, la biosécurité, la gestion administrative, la gestion de la qualité et les activités de référence au niveau national et international. De plus, ce soutien a également permis de financer les doctorats de plusieurs membres de l’équipe du Pr. Affolabi.
La collaboration entre l’équipe du Professeur Dissou Affolabi et l’Institut de Médecine Tropicale d’Anvers favorise la recherche scientifique mondiale sur la résistance aux antibiotiques. Cette problématique est l’une des dix plus grandes menaces pour la santé publique à l’échelle mondiale. La coopération scientifique internationale est donc essentielle. C’est pourquoi la Coopération belge au développement investit dans ces partenariats internationaux et dans des laboratoires comme celui du Pr. Affolabi au Bénin, car ce n’est qu’ensemble que nous pouvons relever les défis mondiaux.
Si la collaboration entre l’équipe du Professeur Affolabi et l’IMT vous intéresse, vous pouvez trouver plus d’informations ici : SRL COTONOU | Laboratoire Supranational de Référence Institute of Tropical Medicine in Antwerp | Institute of Tropical Medicine (itg.be)