La Belgique s’associe à une déclaration des Pays-Bas et de l’Allemagne relative à un salaire et à un revenu décents. Nous ne pourrons relever des défis majeurs tels que la pauvreté, le changement climatique et le travail des enfants que lorsque les petits agriculteurs recevront eux aussi un revenu décent.

Les initiatives sur « le devoir de vigilance des entreprises en matière de durabilité » se multiplient. Il s’agit entre autres de veiller à ce que tout au long de la chaîne d’approvisionnement d’un produit – par exemple une barre de chocolat – il n’y ait ni recours au travail des enfants ni dégradation de l’environnement. De plus, chaque maillon de la chaîne a droit à un travail et à un revenu décents

La notion de « revenu décent » implique qu'une famille dispose de suffisamment de ressources pour couvrir les frais de sa nourriture, de son logement, de ses soins de santé, de son éducation, de ses transports et d'autres aspects essentiels, mais aussi de réserves suffisantes. Il ne s’agit donc pas seulement de permettre aux bénéficiaires de joindre les deux bouts.

Une rémunération décente fait d’ailleurs partie des droits humains, comme le précise l’article 23 de la Déclaration universelle des droits de l’homme : « Quiconque travaille a droit à une rémunération équitable et satisfaisante lui assurant ainsi qu'à sa famille une existence conforme à la dignité humaine ». Cet aspect fait également partie du programme international sur le travail décent, une priorité sur le plan législatif pour la Coopération belge au Développement.

 

Investissement intelligent

Toutefois, après de nombreuses années de soutien financier et technique, de tables rondes et de déclarations des Nations Unies, un grand nombre de producteurs au début de la chaîne d’approvisionnement peinent toujours à vivre de leur métier. C’est pourquoi, en juin 2022, la ministre de la Coopération au développement Meryame Kitir s’est associée à une déclaration conjointe des Pays-Bas et de l’Allemagne relative à un salaire et à un revenu décents

« Fournir un revenu décent aux producteurs locaux en début de chaîne d’approvisionnement constitue un investissement intelligent », a souligné la ministre Kitir lors d’une conférence de haut niveau organisée à Berlin qui abordait le thème du revenu décent. « Un investissement qui peut d’ailleurs se révéler particulièrement bénéfique, à la fois en termes de capital social et économique. En l’absence d’évolution dans cette direction, quel avenir se profilerait pour les 82% de travailleurs en Afrique subsaharienne qui ne bénéficient pas encore d’une protection sociale ? Un travail décent permet de renforcer la chaîne d’approvisionnement et d’augmenter la productivité. »

Sans revenu décent pour tous, nous ne pouvons pas non plus combattre à la racine le changement climatique. Les petits agriculteurs qui peinent à s’en sortir n’ont en effet souvent pas d’autre choix que de recourir à des solutions telles que la déforestation et le travail des enfants.

 

Revenu minimal

La déclaration propose une série d’actions, parmi lesquelles : établir un dialogue entre les pays consommateurs et producteurs concernant un revenu minimal adéquat, soutenir l’Organisation internationale du travail (OIT) dans le développement d’indicateurs du coût de la vie et encourager le dialogue social en faveur de l’émancipation des travailleurs/travailleuses dans les pays producteurs. La déclaration suggère également de collaborer en vue de faire figurer cette question parmi les priorités du législateur européen.

Il va de soi que notre pays soutient aussi pleinement la proposition de directive européenne en matière de devoir de vigilance des entreprises en matière de durabilité et prône la mise en place d’un cadre législatif ambitieux au sein de l’UE. « Tous ces instruments législatifs doivent avant tout mener à des changements concrets sur le terrain », a déclaré la ministre.

 

Beyond Chocolate

Par ailleurs, la Belgique déploie déjà des efforts considérables en matière de chaînes d’approvisionnement durables et de travail décent, y compris à l’échelle internationale. Notre pays soutient également des associations et organisations de commerce équitable (fair trade) comme IDH et The Shift qui collaborent avec le secteur privé et des centres de connaissances en vue de rendre les chaînes plus durables. Aux côtés d’autres pays européens, la Belgique mène également des actions dans des pays africains tels que le Rwanda, la République démocratique du Congo, la Côte d’Ivoire et le Sénégal.

IDH est particulièrement active dans le domaine des salaires décents, entre autres à travers le Better Jobs Accelerator Fund. Elle a également organisé un sommet sur la rémunération décente à Amsterdam en juin 2022, un autre est prévu à l’automne à Bruxelles. Par l'intermédiaire du Trade for Development Center (Enabel), notre pays teste des approches innovantes en Côte d’Ivoire. En recourant aux paiements pour services environnementaux, nous tentons d’accroître les revenus des cacaoculteurs dans le pays.

La réalisation phare de la Belgique en la matière est incontestablement l’initiative Beyond Chocolate que notre pays a lancée en 2018. À travers ce partenariat, le secteur belge du chocolat s’est engagé à garantir la certification de tout le chocolat produit et vendu en Belgique d'ici 2025. D'ici 2030, tous les producteurs de cacao et de chocolat importés par la Belgique devront bénéficier d'un revenu suffisant pour vivre, et la production de ces denrées ne pourra impliquer aucune déforestation.

En s’associant à la déclaration, notre pays réaffirme son engagement en faveur d’un revenu décent. « Nous devons répondre aux besoins d’aujourd’hui sans compromettre ceux des générations futures. C’est pourquoi le revenu décent doit devenir la norme. Nous ne pourrons pas y parvenir seuls, nous devons encourager les entreprises, les organisations multilatérales et les autres pays à adopter la même démarche », a également déclaré la ministre lors de la conférence de Berlin.

 

Sources

SDGs

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