Le financement de projets portant sur le thème de la numérisation et des droits de l’homme constitue une priorité pour la Belgique. A l’échelle européenne, notre pays est d’ailleurs considéré comme un précurseur lorsqu’il s’agit d’utiliser le numérique comme levier de développement. Cet outil peut en effet apporter une valeur ajoutée dans chacun des secteurs que nous couvrons, notamment quand il s’agit de veiller au respect des droits de l’homme. C’est dans ce contexte, qu’en 2016, nous avons lancé un appel à projets local combinant ces deux thématiques...

Le contexte

Depuis la fin de la Guerre froide, une partie de l’aide au développement est conditionnée au respect des droits de l’homme par les gouvernements de nos pays partenaires. Plus récemment, le concept d’approche du développement basée sur les droits humains propose, d’un côté de renforcer les capacités des autorités chargées de veiller au respect des droits et de l’autre, celles de ceux qui peuvent les faire valoir.

002-reportage%20D4D_%20UNAMID.jpgEn 2015, à l’occasion de l’Assemblée générale des Nations-Unies, la Belgique s’est engagée à atteindre les 17 Objectifs de développement durable (ODD) visant à mettre fin à la pauvreté, protéger la planète et assurer le bien-être de tous d’ici 2030. Pour réaliser ce programme de développement durable , il nous faut mobiliser une nouvelle énergie et puiser dans de nouvelles possibilités technologiques. Le numérique joue dès lors un rôle important dans la réalisation des ODD.

Notre motivation vient d’une simple observation qui a généré une vision. La numérisation a profondément changé nos sociétés, par exemple, en créent des modèles de production ou de consommation qui étaient encore impensables il y a à peine dix ans, en facilitant la participation démocratique et l’engagement des citoyens ou en faisant de notre planète un village mondial. Notre vision est que dans les cinq prochaines années, ces progrès seront universellement accessibles.

A cet égard, la politique Digital for Development (D4D) de la Belgique n’envisage donc pas le numérique comme un objectif en soi, mais comme un outil transversal permettant d’obtenir de meilleurs résultats pour un plus grand nombre de personnes dans le besoin.

Nous croyons en effet que si la coopération belge au développement ne prend pas en, compte les opportunités relatives à la numérisation, elle prend le risque d’exclure ses partenaires des dividendes de la numérisation.

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La solution

C’est pourquoi nous avons, entre autres initiatives, intégré la composante numérique dans l’appel à projets « Droits de l’homme et Numérisation », étant convaincus de son éventuelle plus-value pour la réussite de projets visant la promotion et/ou la protection des droits de l’homme. Cet appel fût lancé le 8 avril 2016 dans quatre de nos pays partenaires : la République démocratique du Congo, le Rwanda, la Palestine et la Tanzanie.

Les projets sélectionnés devaient se baser d’une part, sur une analyse des droits de l’homme dans le pays concerné et d’autre part, sur une analyse du potentiel (et des risques inhérents) que la technologie numérique, comme vecteur de changement, pourrait apporter.

En ce qui concerne la composante numérique, au moins deux des trois éléments suivants devaient être poursuivis par le projet candidat :

  1. Effet multiplicateur : l’utilisation des outils TIC pour maximaliser l’accès et l’impact de l’intervention ;
  2. Seuil : l’utilisation des outils TIC pour vaincre les obstacles et faciliter l’accès aux droits pour des groupes vulnérables tels que les femmes, les groupes minoritaires, les plus pauvres,...
  3. Adaptabilité : l’adaptation au contexte local de TIC pour un effet garantir un important effet multiplicateur et/ou un seuil plus bas pour l’accès dans le contexte local.

009-reportage%20D4D_Global%20Partnership%20for%20Education.jpgLa sélection finale s’est basée sur les critères suivants :

  • L’impact positif du projet pour les bénéficiaires (en particulier les groupes vulnérables), particulièrement en termes de renforcement des détenteurs des droits en vue d’une plus grande participation ;
  • L’utilisation de la technologie numérique d’une manière transformationnelle ou innovatrice afin d’approcher la problématique d’une manière différente et de maximaliser l’impact du projet ;
  • La nécessité et la pertinence du projet pour la promotion / la protection des droits de l’homme, particulièrement en tenant compte du contexte du pays.

Quatre projets furent finalement sélectionnés dans trois de nos pays partenaires : République démocratique du Congo (1 projet), Palestine (1 projet) et Tanzanie (2 projets).

 

Le résultat

République démocratique du Congo:

En tant qu’ONG experte dans le renforcement des capacités locales et dans l’assistance juridique et judiciaire des victimes de violations graves des droits humains, TRIAL solidifie les efforts des acteurs congolais dans le domaine de la lutte contre l’impunité des responsables de crimes internationaux. En ce sens, elle inscrit son action autour des trois axes qui fondent la lutte contre l’impunité: sanctionner les responsables; satisfaire le droit qu’ont les victimes de connaître la vérité et d’obtenir réparation; permettre aux autorités de remplir leur mandat en tant que puissance publique garante de l’ordre public. En soutenant une combinaison de mesures adaptées au contexte et destinées à promouvoir l’accès à la justice pour les victimes de crimes internationaux ainsi que le renforcement des capacité locales, TRIAL est un acteur important dans le cadre de la lutte contre l’impunité en RDC.

En savoir plus :

Palestine

Le Programme des Nations Unies oeuvrant pour un meilleur avenir urbain (ONU-Habitat) utilise le jeu vidéo Minecraft, une sorte de Légo numérique permettant de construire un environnement en trois dimensions. En effet, Minecraft se révèle être un outil puissant pour engager, à l’échelle mondiale, les jeunes défavorisés dans les projets d’aménagement de leur ville. En soutenant cette initiative en Palestine, la Belgique veut faire de Gaza un lieu convivial pour la jeunesse. En demandant aux jeunes de réfléchir à l’avenir de leur ville, la mobilité et la sécurité dans les Territoires palestiniens se retrouvent au centre de leurs préoccupations.

En savoir plus :

Tanzanie

  • Enabling Improved Governance and Accountability in Tanzania through digital technology par Oxfam Solidarité. L’objectif  de ce projet est de contribuer à renforcer la responsabilité sociétale et la redevabilité des autorités tanzaniennes vis-à-vis de leurs citoyens par le biais de technologies digitales modernes et innovantes. Le projet est en développement dans le district de Kasulu, près de Kibondo.
  • “Mapping the socio-economic and human rights situation of artisanal and industrial mining in northwest Tanzania” par International Peace Information Service - IPISCe projet mené en partenariat avec Enabel, l’Agence belge de développement consiste en une cartographie digitale de la situation socio-économique et du respect des droits de l’homme dans le secteur de l’exploitation minière artisanale et  industrielle dans le nord-ouest de la Tanzanie.

Reportage photos : © UNAMID -  © World Bank / Arne Hoel - © United Nations - © Global partnership for Education - © IRD / Sylvie Breteloup

 

Partenaires

  • En RDC : ONG Trial International
  • En Palestine : UN Habitat
  • En Tanzanie :  ONGs IPIS et Oxfam Solidarité

Ressources 

SDGs

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